L'Echo des Crozet

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vendredi 17 février 2006

Du haut du Mont Jules Verne

Bien rentrée hier de manip sous la pluie. Quatre jours de mauvais temps, mais une journée magnifique, ciel bleu et sans vent, mardi 14 février 2006, à marquer d'une pierre blanche ! Sur base, il y en a d'ailleurs qui sont montés au Mascarin. Quant à nous on a fait l'ascension du sommet des monts Jules Verne à deux, Eric et moi. Départ à 9 h. depuis Pointe Basse pour atteindre notre objectif après 1h30 ! Sensationnel, vue splendide ! On a même vu les îles aux Pingouins et aux Cochons qui sont loin à l'Ouest.

Du sommet, on dominait toute la Grande Coulée, l'arbec de Pointe Basse, la base et le Branca, les îles aux Cochons et aux Pingouins déjà citées, l'île de l'Est évidemment, et surtout ce qu'on voit rarement car c'est une zone protégée et moins facilement accessible la vallée d'un Petit Caporal.

Ensuite, après avoir bien apprécié le paysage redescente sur l'arbec atteint vers 12h15.

Là repas, puis départ pour la Mare Aux Elephants car Ghislain avait le tour GPS des manchots couveurs à faire. Retour vers 20h à l'arbec. Journée extra, superbe météo !!!

Le reste de la manip était bien sympa, mais il faut le reconnaître assez galère avec le temps. Nous étions 4, Ghislain, Marion, Eric et moi, mais le mauvais temps nous a forcé à rester à l'arbec de BUS toute la journée de dimanche (dégoutée !!!!). Lundi, transit Bus-PB par la Hébé et le col 500 humide et venté et en fin d'après-midi, passage au jardin japonnais. Retour mercredi dans le brouillard puis sous la pluie depuis la Grande Cascade. On n'a donc pas pu faire tout ce qui était prévu, et Ghislain n'a pas pu nous accompagner au sommet du mont Jules Verne pour rattraper le travail en retard.

Plus de photos encore et notamment 3 descriptions détaillées des panoramas.

vendredi 10 février 2006

L'Oceanic Viking

Hé oui, hier on a eu de la visite, celle de l'Oceanic Viking venant des Kerguelen où il avait fait halte la semaine passée. Nous ne devions pas en parler auparavant car c'est un bateau australien, chargé des douanes et du contrôle des pêches. Il y a aussi deux contrôleurs des pêches français à bord. Il s'est donc arrêté hier matin jeudi de 8h à 14h30.

En fait, nous sommes en plein campagne de pêche autour de l'archipel des Crozet et 7 bateaux sont autorisés à pêcher.

Les australiens sont descendus et nous avons eu la possibilité de monter à bord. C'était bien sympa ! Déjà, il fallait prendre le zodiac pour rejoindre le bateau, monter à bord par une échelle de corde, c'est pas long mais ça vaut le coup d'être fait, et donc redescendre par le même chemin.

On nous a fait visiter le bateau. Et j'ai pu manger à bord, 15 de la base sont montés à bord pendant que 15 marins mangeaient sur base. Rien d'exceptionnel : poulets, frites, haricots verts, pâtisserie ou pommes... Les repas ne représentent pas la même chose que pour nous : self et chacun mange quand il le souhaite, il n'y a pas d'horaire particulier. Donc on a déjeuné ensemble, avec un ou deux australiens. Mais ils étaient bien accueillants et sympathiques. Prêts à tout nous faire visiter.

De plus, comme en ce moment on en manque un peu sur base, l'Oceanic Viking nous a donné quelques fruits et légumes frais. Et Stéphane, notre chef cuistot, est monté à bord pour leur faire du pain et l'apprendre au cuisinier. Hé oui, ils ne savaient pas faire mais par contre ils aiment beaucoup (faut dire que ça change du pain en sachet style pain de mie anglo-saxons quoi). Et comme en plus Stéphane fait de l'excellent pain...

L'Oceanic Viking est un ancien câblier norvégien (il date de 1995), quasiment aussi grand que le Marion Dufresne, bien équipé et confortable. Ils sont 60 environ à bord, et ils ont de fait vraiment de la place : ils occupent à deux des cabines de 4, ils ont une grande salle de sport.... Et c'est la classe avec par exemple des canapés en cuir pour leur "salle de cinéma" (y'en a trois, des pièces de tailles normales).

Donc cet arrêt a été très apprécié. Ca nous changeait du quotidien. Et puis c'était chouette d'aller sur le bateau ! Je serai bien restée deux/trois jours avec eux pour voir comment ils travaillaient, "sortir" un peu de l'île et éventuellement apercevoir d'autres paysages de l'île de l'Est, car elle nous nargue un peu quand même cette île. Au fait, je vous ai dis qu'elle était à 18 km de l'île de la Possession. Et pourtant elle parait bien proche.

A part cet évènement, je ne vous ai pas encore dit que j'ai pu rentrer dans la "boule" que l'on voit devant le BCR et qui abrite l'antenne satellite. Elle est un peu imposante avec ses 3m de diamètre environ. Merci Eric, qui s'occupe des communications sur base. On était deux pour cette visite et il nous en a expliqué le fonctionnement avec plaisir.

Pendant cette campagne d'été, depuis janvier, il y a aussi sur la base un anglais, Lewis, qui fait une thèse sur les manchots mais aussi des tests sur la symétrie pour voir la différence entre les gens saoûls et ceux qui n'ont pas bu. Tout le monde le fait (le soir ou plutôt dans la nuit pour ceux qui sont bourrés après un alcotest). C'est amusant : il y a 26 images, et il suffit de lui dire si c'est symétrique ou non (et la symétrie se fait à différents degrés avec différents formes -triangles, ronds, rectangles-, c'est plus ou moins évident). Il espère voir des différences.

jeudi 2 février 2006

A la recherche des vers de terre et de l'eau ferrugineuse

du mercredi 31 janvier au vendredi 2 février 2006 :

Les trois jours que je viens de passer à BUS étaient à nouveau tip-top. En plus, on a eu du beau temps. On sent bien que c'est l'été sur l'île. Bien qu'il y ait quasiment tout le temps des nuages il y a moins de vent par moment. C'est même d'ailleurs bien agréable de sortir et d'entendre autre chose que le vent... C'est dans ces cas-là que je me rends bien compte comme le vent, c'est bruyant... Bon, ça n'a du arriver pour l'instant que trois ou quatre jours, mais alors c'est sympa d'entendre la mer ou les manchots à quelques centaines de mètres..

Ca c'est super bien passé. Partis mercredi en milieu de matinée travailler avec Simon-Pierre, on a notamment repéré des vers de terre non autochtones dans le secteur, à 4 pattes dans l'herbe devant de petites mottes de terre.

Transit nickel, nuageux mais sans vent quasiment agréable donc. Au niveau de la Petite Manchotière, juste avant le Morne Rouge, arrêt sur un site de choux de Kerguelen pour en récupérer les graines (ça nous prendra deux heures). Puis arrivée à l'arbec où sont déjà Ghislain, Ewan et Gaëtan qui poursuivent le lendemain sur Pointe Basse et les Moines.

Vers 17h on part dans la vallée de la Hébé. Superbe vallée et le temps nuageux sur les sommets est avec nous sur la côte. Bon petit raidillon pour remonter de la vallée de la Hébé dans le blechnum et les cailloux ! Depuis début janvier en bord de mer avait aussi été repérée par là une orque morte vraisemblablement abattue, car en concurrence pour les pêcheurs (bateaux pirates).

Le lendemain, recherche des fameux vers de terre après le départ des trois pour PB. Et en milieu d'après-midi, visite de sources ferrugineuses en remontant la vallée des Branloires, à une heure de l'arbec. Bien sympa de suivre un petit ruisseau avec un bon débit mais qui se retrouve par endroit masqué par une végétation où l'on peut marcher. Les sources ne sont pas extraordinaires mais on peut voir des petites bulles qui arrivent à la surface de l'eau dans les "flaques" toutes rouges.

Soirée crêpes, chandeleur oblige, mais avec une poële immense et qui accrochait pas mal sur les bords. Excellent quand même !

Magnifique nuit étoilée qui se poursuivra par un grand beau temps le lendemain jusque vers 14h sur BUS. Petit déj dehors sur la petite terrasse de l'arbec. Avec le paysage, les manchots... J'irai jusqu'au sommet du Morne Rouge avant que le ciel se couvre puis rejoindrai Simon-Pierre dans la recherche des vers de terre. On en a trouvé au fait ! Il y en a des autochtones et des introduits qui se répandent petit à petit semble-t-il.

Nickel quoi ! C'est vraiment bien sympa les animaux et leur comportement avec par exemple les chionis qui cherchent toujours à piquer quelque chose, les skuas qui attendent juste devant l'arbec une éventuelle chose à manger, les manchots qui traversent la rivière ou qui font la crêpe au soleil ou s'approchent de nous par curiosité, les couleurs que le ciel peut prendre, les sommets et actuellement les odeurs de végétation.. Bon, c'est fini, on ne voit plus les orques près des côtes. Maintenant, ce sera beaucoup plus rare, mais on le savait. Ce sera pour après l'hiver.

Le transit retour c'est fait dans le brouillard, pas trop dense cependant. On en a profité pour refaire quelques caïrn pour améliorer le balisage du trajet. Et comme d'hab, mais je ne l'avais pas encore écrit, petit apéro de fin de manip au biomar avec les vcat présents.

VCAT, Albatros et Manchots

Les VCAT (Volontaires Civils à l'Aide Technique) de la 43ème mission :

  • Ghislain, ornithologue
  • Marion, Ewan et Nathalie, sur les manchots
  • Christophe, géner et associé au prog de Ewan
  • Simon-Pierre, végétation/insectes
  • Gaëtan, sur le magnétisme et la sismologie
  • et moi, chimie de l'atmosphère.

Ainsi, c'est l'ornitho qui bague les oiseaux. Pour les Grand Albatros, il y a un suivi de chaque individu. Ils sont tous bagués et Ghislain regarde ceux qui sont sur nid, s'ils couvent et trouvent leur partenaire après la relève. Bref, il fait le suivi de la population de GA. Tout ça c'est répertorié et s'ils sont vu ailleurs ultérieurement, ça se saura. On a ainsi repéré des otaries qui avaient été baguées à l'île Marion (Au sud de l'Atlantique). Pour les pétrels géants, le baguage sert surtout à dénombrer le nombre de poussins de l'année. Il n'y a pas de suivi particulier actuellement. Bref, il s'occupe des oiseaux (Grand Albatros, Albatros Fulligineux, Pétrels Géants, Pétrels à menton blanc, Manchots Royaux et Papous), des orques, des otaries et des éléphants de mer, surtout pour du suivi, du dénombrement et du baguage.

Après, il y a trois programmes qui s'occupent des manchots (qui sont aussi des oiseaux d'ailleurs). En outre, pendant le mois de décembre, avec les campagnards d'été, il y avait foule à la plage pour travailler sur ce sujet : études comportementales, de développement du poussin, prélèvement des tissus ou des os de cadavres, stress du manchot :

  • Ewan travaille pour une étude comportementale : il s'agit de suivre les deux parents qui partent en mer durant la couvaison et le nourrissage du poussin. En principe la femelle pond l'oeuf puis le laisse au mâle et part en mer pour se nourrir et revient pour la relève et ainsi de suite jusqu'à ce que le poussin puisse rester seul, c'est-à-dire émancipé thermiquement. Les deux parents font alors des allers-retours tout l'hiver pour le nourrir (bref comme dans "la marche de l'empereur", sauf que les poussins n'ont pas la même tête). J'ai d'ailleurs fait sa ronde quand il est parti cette semaine trois jours à La Pérouse. Il s'agit de repérer les couveurs qu'il a marqué avec des lettres sur leur ventre. Ewan fait aussi du comptage de manchots qui partent en mer, et récupère des cadavres.
  • Nathalie récupère des cadavres pour en prélever certaines parties osseuses ou musculaires et étudie la dépense énergétique des manchots.
  • Marion travaille sur le métabolisme des poussins et leur adaptation à leur vie terrestre puis marine.

Les deux derniers programmes se recoupent en partie.

En fait, la manchotière toute proche de la base est "sacrifiée" en quelque sorte pour la science. Elle est bien pratique car facilement accessible depuis la base. Donc certaines études avec pas mal de matériel ne se font que là. Ce n'est pas sans raison que la population de manchots royaux diminue à la plage alors qu'elle augmente sur le reste de l'île (en ce moment, 16 000 couveurs, soit 32 000 manchots plus des immatures et poussins soit environ 40 000 manchots).

Christophe a pour fonction d'aider Ewan dans la bonne réalisation de ses manips, notamment sur la mise en place de transpondeurs (petites puces pour repérer les manchots qui entrent et sortent au sein d'une zone délimitée) et d'assurer leur suivi.

Christophe est aussi "géner" et à ce titre travaille surtout au moment des OP (Opérations logistiques) : Il organise l'acheminement et la réception des colis concernant l'IPEV donc de tous les programmes scientifiques. Ainsi moi qui vais envoyer en mars des échantillons divers et variés, je passerai par lui. Il estimera le volume qui partira. Et de même pour réceptionner les colis, il sera sur la DZ où se pose l'hélico et suivra l'arrivée des caisses bois de l'IPEV. Bref, au final, il est pépère en ce moment et ce sera pareil durant l'hiver.

Enfin, étant électronicien, il répare le matériel en cas de besoin... (surtout des caméras pour Ewan). Bon après, je l'ai formé sur mes manips alors c'est pour ça qu'il m'a remplacé en décembre, mais ça c'est valable pour tous les vcat.

Pour moi, je prévois de vous présenter mon travail un peu plus tard. Alors pour l'instant, patientez, .. le suspens reste entier !!!

Sinon pour les oeufs de manchots récoltés, ils ont été placés en couveuse, mais y'a eu un incident et après vérification de la viabilité de l'oeuf, ils ont tous été remis sous leur parent sauf trois qui n'avaient pas évolué. D'autres ont été récupérés et placés en couveuse. Ce travail c'est pour Sébastien qui arrivé en janvier pour la campagne d'été et va étudie le développement du poussin dans l'oeuf. Dans la nature, le temps d'incubation est de 56 jours et les oeufs n'ont pas encore éclos. Quand les petits poussins seront nés, Sébastien les remettra sous leur parent. Ca ne semble pas gêner les manchots, alors... Faut dire qu'il y en a même qui couvent des pierres (hé oui, ce n'est pas toujours très futé).

Par contre maintenant sur la plage, on voit pas mal de poussins. C'est le début.

Hier, samedi 29 janvier, j'ai aidé Marion à remonter deux manchots sur base pour qu'ensuite elle puisse faire des mesures de métabolisme : elle place les manchots, des poussins d'un à deux ans au plus, immatures, dans une touque avec des électrodes et réalise des électrocardiogrammes et électromyogrammes, pour étudier l'action du frissonnement, rôle des muscles. La touque est remplie d'eau à différentes températures et elle observe ou non des différences entre des lots de manchots adaptés naturellement à l'eau ou baignés artificiellement. Elle fait aussi des biopsies pour récupérer du muscle et par la suite elle analysera certaines protéines révélatrices de l'adaptation du manchot aux conditions du milieu extérieur.

Bref, voici une photo qui montre la remontée des manchots dans les touques de la plage à la base. D'autres seront bientôt incluses dans l'album photo